Kité : “La trahison amicale, c’est l’axe de quasiment tous mes sons”
Rencontre avec Kité, un jeune rappeur qui trouve petit à petit sa place dans le monde artistique. Bien entouré, il ne se met aucune pression et aime ce qu’il fait.
Qui es-tu Kité ?
Mon nom de scène est Kité, je suis un jeune artiste issu du 78, à Plaisir. Je suis allé à l’école, j’ai arrêté en BTS puis j’ai repris mes études pour un autre diplôme en commerce international. En ce moment je me consacre beaucoup à la musique, c’est vraiment devenu quelque chose que j’aime.
Quand t’es-tu lancé dans le rap ? De quoi est-ce parti ?
Je me suis lancé dans le rap il y a peu de temps, en juillet dernier. Mais j’ai commencé à écrire mes premiers textes il y a déjà un an. L’exposition à un public, ça fait quelques mois seulement. C’est parti des petits au quartier, on les a vus dans une voiture lâcher des freestyles et pour rigoler on a commencé à gratter sur l’instru avec eux. Au début c’était ridicule, puis c’est devenu une habitude. On écrivait énormément, jusqu’à ce qu’on se dise : “Pourquoi pas aller au studio ?”. On était tous dedans mais c’est moi qui ai continué parce que j’ai vraiment kiffé.
Qu’est ce qui t’as poussé à autant t’investir ?
Mon entourage : mes potes, ma sœur m’encouragent énormément. Même si c’est parti de rien et que ce monde ne m’intéressait vraiment pas à la base, quand je leur ai fait écouter ce que je faisais, tous m’ont dit de continuer. J’ai notamment fait écouter à un ami à moi lui-même dans le rap : Lemra. Il m’a proposé qu’on fasse un son ensemble et il voulait absolument l’envoyer. Donc je me suis dit quitte à s’exposer, autant le faire de moi-même.
Tu accordes beaucoup d’importance à l’esthétisme de tes clips. Qu’as-tu voulu montrer dans Guitare ?
Oui, c’est très important pour moi. Je suis même plus investi là-dedans que dans le rap à proprement parler, et c’est souvent le reproche qu’on me fait. Mais j’ai envie de donner au public quelque chose qui paraisse pro ; même si c’est avec des moyens de débutant, des scores de débutant et des stratégies de débutant, je veux que l’image qui ressorte soit propre. Dans Guitare j’ai choisi un univers horrifique car quand j’écoute mon son, ça me plonge dans une atmosphère très angoissante, avec l’instru mélangée à ma voix. On a l’impression que je suis dans un endroit duquel je n’arrive pas à sortir, où je suis angoissé.
Y a-t-il des choses que tu revendiques dans tes textes ?
Pas pour l’instant. Quand tu n’as pas encore de nom je pense que tu ne peux pas te permettre de revendiquer quelque chose, les gens ne te connaissent pas, ils s’en moquent. Et c’est connu, presque tous les rappeurs se lancent sur du sal. Au début on te rattache à un flow, une manière de rapper. Pour revendiquer il faut être écouté, et plus tard si j’ai une audience un peu plus large, je pourrai faire des sons avec des messages plus importants. Pour l’instant je dénonce surtout la trahison amicale, c’est l’axe de quasiment tous mes sons.
As-tu des inspirations particulières ?
Je m’inspire beaucoup de Sinik et Niro quand je veux raconter ma vie. Ils sont très forts dans leur storytelling. J’écoute quelques sons et ça me plonge dans un mood avant d’écrire mes textes, j’y arrive plus facilement, l’écriture est plus fluide. Sinon quand ce sont des sons plus cool, je m’inspire des rappeurs du moment mais ça reste toujours une influence française. Pour ce qui est de mes paroles je n’invente rien, soit je raconte ma vie, soit celle de mes potes, et je tourne les phrases à ma façon pour pouvoir mettre en avant l’identité de mon personnage. Concernant mes clips, je m’inspire beaucoup de séries telles que Breaking Bad pour le jeu d’acteurs et La casa de Papel pour le jeu d’uniformisation des visages.
Comptes-tu mettre tes sons sur les plateformes de streaming ?
Je pense que je vais mettre mon prochain son sur les plateformes mais je n’en suis pas encore certain. C’est une bonne idée car ça force à la réécoute mais peut-être que si je les mets sur les plateformes, cela va troubler mes vues. Ils ne vont regarder le clip qu’une seule fois puis se diriger tout le reste du temps vers les plateformes. Dans les débuts, on envoie sur YouTube et toute ton audience va sur YouTube. Je vais le faire, peut-être pas maintenant mais je vais le faire.
Quel est ton objectif dans ce que tu es en train d’entreprendre ?
Mon objectif c’est que tout ce que je fais soit gratifiant. Dans le sens où, dans 30 ans, je veux me dire à cette époque tu as réussi à faire ci, à faire ça : être fier de moi et de ce que j’ai pu produire et accomplir. Ce que je fais n’a pas de but lucratif pour l’instant, c’est vraiment parce que j’aime ce que je fais.
As-tu des projets à venir que tu peux nous partager ?
Je compte réaliser la suite de Guitare. J’ai eu tellement de bons retours qu’une suite à ce clip peut être intéressante. Mon clip Cartier sort d’ici deux semaines avec une nouvelle façon de filmer. Un EP peut-être plus tard, mais ce n’est pas d’actualité pour l’instant.
As-tu un message pour ceux qui aimeraient se lancer comme tu es en train de le faire ?
À mon échelle, je dirais qu’il ne faut pas avoir peur du regard des gens et n’avoir peur de personne. Si ton quotidien n’est pas comme ceux que tu écoutes, fais-le partager, raconte ta vraie vie et ne mens pas, il faut vouloir ressembler à personne et se faire plaisir avant tout. Bien s’entourer est bien sûr mon conseil numéro un. Et quand bien même tu n’as pas les moyens, il faut tout faire pour que ce que tu fais ait l’air pro et travaillé.
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